Lavandières, aide-ménagères, vendeuses de beignet… ces
dames font tout pour subvenir aux besoins des leurs qui vivent dans la
précarité.
Un samedi sur le site des déplacés de
Niamana règne le calme. Devant les tentes de fortune sur des nattes
certains se reposent. D’autres, à l’intérieur, font la sieste. Ici,
vivent 147 âmes dont 34 femmes. Ils ont été contraints de fuir leurs
villages pour rallier Bamako à cause des affrontements qui persistent
dans certaines localités. La majorité vient des localités de Koro,
Bandiagara, Bankass et Douentza.
Sur ce site, les
habitants font de la débrouillardise pour assurer leur survie. S’il est
vrai qu’ils reçoivent des dons en nature, il est aussi vrai qu’ils ont
besoin d’argent pour subvenir à leurs différents besoins. Puisque peu
d’hommes travaillent, ce sont les femmes qui s’adonnent à des activités
génératrices de revenus pour le bonheur de toute la famille. Elles se
battent au quotidien, en faisant des activités génératrices de revenus.
Certaines vendent des beignets, d’autres sillonnent les différents
dépotoirs d’ordures pour récupérer des objets usagers. D’autres encore
travaillent comme lavandières.
Sous sa tente,
Véloré Traoré faisait la sieste. Réveillée après notre arrivée, elle
sort sa tête pour nous accueillir. La jeune dame de 25 ans, qui a fui
son village à cause des affrontements, vit sur ce site depuis plus d’un
an. Pour son autonomisation économique, elle est devenue aide-ménagère.
Valoré travaille à Attbougou pour une dame fonctionnaire. “Chaque jour
hormis le samedi et le dimanche, je vais chez elle à partir de 8 heures
jusqu’au petit soir. Je fais la cuisine et les autres travaux ménagers. à
la fin du mois, elle me paye à 10.000 Fcfa”, confie la veuve. Même si
cet argent ne couvre pas ses dépenses, elle pense que c’est mieux que de
rester à la maison. « Qui va prendre les enfants en charge ? J’en ai
deux. Je suis désormais la seule responsable d’eux », souligne-t-elle.
Trois
vieilles femmes viennent et se mêlent à la conversation. Djouldé
Diarra, Aïssata Traoré, Tedy Traoré soutiennent qu’elles ont décidé de
ne pas baisser les bras malgré leur âge. Elles sillonnent les dépotoirs
d’ordures pour chercher des bidons et de la ferraille. Certains clients
se déplacent vers elles pour les acheter. “Nous sortons depuis le
premier appel à la prière de l’aube en groupe. Nous retournons jusqu’au
petit soir. Ce n’est pas une tâche facile vu notre âge mais que faire ?
On doit survivre. Chaque jour nous revenons très épuisées », témoigne
Aïssata.
Sa collègue Tedy Traoré souhaite avoir
une autre occupation. Elle invite l’état et les personnes de bonne
volonté à aider les déplacés en général et les femmes en particulier qui
sont les piliers de nombreuses familles. «Nous avons besoin de cette
assistance. Surtout que nous voulons travailler. Donner de l’argent, des
vivres est salutaire mais si on nous appuie dans ce que nous faisons ou
on nous apprend à faire quelque chose, c’est encore mieux »
estime-t-elle.
Si ces dames du 3ème âge ont opté
pour le ramassage des bidons et de la ferraille sur les tas d’ordures,
Awa Traoré, une ressortissante de Bankass, a choisi de faire la
lavandière afin de joindre les deux bouts. « Certains clients viennent
me donner leurs habits sales. Les jours où je n’en reçois pas, je sors
pour en chercher. Je gagne souvent 750 Fcfa ou 1.000 Fcfa par jour »,
dit-elle.
à plusieurs kilomètres de là, non loin du
camp de Faladiè, les femmes ne baissent pas les bras. Ici, certaines
passent leur journée sur les dépôts à faire le tri des ordures. D’autres
font également la lavandière. C’est le cas de Tata Yassana, une native
de Bankass. « Je sors le matin pour chercher les habits. Si je n’en
trouve pas, je rejoins les autres sur un dépotoir. On ramasse les bidons
vides et les clients viennent les acheter sur place. Avec le peu que je
gagne, je fais la cuisine», confie cette mère de deux enfants. Elle
ajoute qu’elles ont reçu une formation en savonnerie sur le site. Mais
beaucoup n’ont pas pu écouler leurs produits. Elles ont reçu aussi des
équipements, mais il n’y a pas eu de suivi. Les kits sont stockés dans
un magasin.
Même cas sur le site de Senou. « L’APDF
a, une fois, fait une formation en savonnerie, il y a environ sept
mois. Un des objectifs était que les bénéficiaires continuent à produire
et à vendre le savon en morceau et le savon en liquide. Mais quand il
n’y pas de suivi, ce n’est pas facile », indique Adja Diallo, une
ressortissante de Douentza. « Beaucoup font des promesses mais ne les
honorent pas. Certains sont venus nous promettre qu’ils nous initieront
au jardinage pour que nous n’achetions plus ce que nous consommons. On
les attend toujours », dit-elle.
Pour subvenir à leurs besoins, certaines jeunes filles déplacées travaillent comme aide-ménagère pour aider leurs familles.
Aminata Dindi SISSOKO